- M. Pawel GOLDA soutiendra publiquement sa thèse : jeudi 4 avril 2024 à 14h , à la Faculté des sciences humaines de l’Université de Silésie, Rue Grota-Roweckiego 5-41-200 Sosnowiec-Pologne-SALLE – Professeur Kazimierz Polanski
Spécialité : Sciences du langage
Sujet : Transfert des unités phraséologiques (collocations) dans la traduction littéraire. Études sur un corpus du français et sur ses équivalents en italien et en polonais
L’objet de cette thèse doctorale est d’étudier le transfert interlinguistique des collocations verbo-nominales dans la traduction littéraire, en analysant en détail 6578 exemples concrets. Le corpus de cette thèse est constitué d’oeuvres de l’écrivain français contemporain Michel Houellebecq et, plus précisément, de ses sept premiers romans en langue originale, le français, et de leurs versions en deux langues, l’italien et le polonais. Les productions littéraires incluses dans le corpus de l’étude ont été publiées sur un quart de siècle, à savoir entre 1994 et 2019. Les collocations constituent un sujet important et de plus en plus populaire dans la phraséologie contemporaine (Golda, 2022 ; Pezik, 2018 ; Sulkowska, 2017, 2018a, 2019a, 2023a). Au sein des typologies phraséologiques, les combinaisons collocationnelles sont placées près du début du continuum du figement, du côté des combinaisons lexicales libres. Perko (2011 : 50) considère que la frontière entre les collocations et les unités phraséologiques plus figées est aussi floue que celle entre les collocations et les connexions lexicales libres. Les combinaisons collocationnelles sont minimalement phraséologiques, ce qui signifie qu’elles sont naturellement choisies et préférées aux structures libres porteuses d’un sens similaire (Pezik, 2018 : 28-29, 36) . Les combinaisons polylexicales discutées sont une classe d’unités phraséologiques moins stéréotypées, ce qui rend leur appartenance au domaine de la phraséologie moins évidente. Selon Legallois et Tutin (2013 : 4), dans les travaux de recherche, « [?] l’accent est souvent mis sur les expressions non compositionnelles et figurées, généralement considérées comme prototypiques et représentatives des locutions, au risque d’éclipser tout un ensemble d’expressions lexicalisées qui apparaissent très productives, comme les collocations ». Selon Kazlauskiene (2021 : 144), la séquence collocative « consiste en la rencontre fréquente de deux lexies qui se suivent ou sont séparées par d’autres mots ». Pour Diagne (2018 : 99-100), la collocation est une « cooccurrence habituelle d’items lexicaux. Une habitude d’apparition conjointe qui n’est pas sans créer un lien presque systématique entre les composants ». Cette chercheuse note également que ce type d’appariement de mots « [?] dénote une idiosyncrasie linguistique qui reflète le ?propre’ d’une langue donnée » (Ibidem, 99). L’objectif premier et le plus important de notre projet de thèse était d’identifier, de nommer et de décrire les techniques qui permettent aux traducteurs de transposer les collocations verbo-nominales du français vers les deux langues cibles choisies, l’italien et le polonais. Par le terme technique de traduction, nous entendons dans cette thèse « les moyens linguistiques à l’aide desquels le transfert des UP peut être assuré » (Golda & Mezyk, 2021 : 138). La combinaison des systèmes linguistiques étudiés dans cette étude n’est pas fortuite et présente un intérêt particulier. D’une part, l’italien, la première langue cible, est une langue romane, ce qui signifie qu’elle appartient à la même famille linguistique que la langue de départ de la traduction, le français. D’autre part, la deuxième langue cible, le polonais, appartient à la famille des langues slaves, ce qui signifie qu’elle est génétiquement plus éloignée de la langue de départ. Dans notre étude, nous nous sommes attaché à présenter la régularité d’utilisation par les traducteurs des solutions de traduction observées, en tenant compte des différents aspects, sous types et catégories de collocations verbo-nominales. Nous avons analysé, entre autres, l’influence de la structure syntaxique des collocations, leur appartenance à des classes sémantiques particulières, et les préférences des traducteurs littéraires italiens et polonais dans le choix des techniques de traduction. De plus, dans l’analyse de la fréquence d’apparition des différentes techniques de transfert des collocations, la question de la répétitivité des unités analysées dans l’?uvre de Michel Houellebecq a également été prise en compte. Nous avons examiné si la fréquence d’emploi des différentes méthodes différait pour les collocations utilisées seulement une fois dans le corpus littéraire, par rapport à celles qui apparaissaient plusieurs fois. En outre, nous avons examiné s’il existe une corrélation entre la fréquence d’utilisation des différentes techniques de traduction et la fréquence d’apparition des collocations dans le corpus du français courant. Cette thèse se compose de trois parties principales. Dans la première partie, théorique, nous avons effectué une revue détaillée de la littérature linguistique et présenté les concepts, termes et définitions les plus importants dans le domaine de la phraséologie. Nous avons présenté la phraséologie en tant que phénomène textuel, et nous nous sommes penché sur la question de la traduction en mettant un accent particulier sur la phraséotraduction, nouvelle sous-discipline de la phraséologie proposée par Sulkowska (2013a, 2013b, 2013c, 2016b, 2017, 2018a, 2018b, 2019b, 2022). Dans la deuxième partie, méthodologique, nous avons présenté le corpus littéraire trilingue de notre étude, ainsi que le profil de l’écrivain dont l’oeuvre nous a servi de source d’extraction des unités phraséologiques analysées. En outre, dans la même partie, nous avons décrit pas à pas toutes les étapes qui nous ont permis d’extraire les combinaisons collocationnelles, de les juxtaposer à leurs équivalents italiens et polonais, de les marquer à l’intérieur des citations et de créer un concordancier trilingue, rassemblant et juxtaposant toutes ces données de recherche ainsi que les étiquettes et les descriptions supplémentaires qui ont facilité l’exécution de l’analyse. La troisième partie, analytique, se compose de deux chapitres. Le premier est de nature descriptive et nous y présentons les quinze techniques que nous avons observées dans le transfert des collocations verbo-nominales, accompagnées d’exemples, des numéros que nous leur avons attribués, et d’une indication des lignes de notre concordancier trilingue où elles peuvent être trouvées pour consulter les passages du texte littéraire qui les contiennent. Le deuxième chapitre de la troisième partie est quantitatif et nous y présentons les pourcentages d’utilisation de chaque technique de traduction, en spécifiant les différents facteurs et catégories d’unités collocationnelles déjà mentionnés. En outre, cette thèse comporte une introduction, une conclusion, une liste des références bibliographiques citées et une annexe sous deux formes : une partie du matériel joint est sous forme physique, tandis que l’autre n’existe que sous forme virtuelle et doit être consultée sur le web.