Des petits commerçants spécialistes du jeu de société ? La professionnalisation des « ludicaires » à l’ère numérique.
On observe depuis le début des années 1990 un engouement pour le jeu de société. Cette place singulière prise par le « monde du jeu » de société dans l’espace des loisirs des Français est accompagnée par le développement de nouvelles structures et par une réorganisation du réseau des professions liées au jeu de société dit « moderne ». Ce secteur recueille une forte reconnaissance symbolique de la part d’une audience de consommateurs réduite mais très engagée. Les vendeurs spécialisés prennent alors une place de plus en plus singulière dans la diffusion et la prescription des produits, en faisant de leur passion pour la pratique, l’essence de leur expertise professionnelle. L’apparition de la dénomination indigène de « ludicaire » en 2018 s’inscrit dans un processus de légitimation et de professionnalisation du métier. Si le métier de ludicaire est « une affaire de spécialistes » il convient d’en identifier les particularités et de révéler les méthodes et outils mobilisés par les ludicaire dans leur formation professionnelle (frayage, apprentissage situé, autoformation…). Il s’agit également d’interroger la place des ludicaires au sein de l’écosystème professionnel plus étendu de l’industrie du jeu de société. Ceci dans un contexte concurrentiel où les espaces numériques proposent une importante densité d’informations et d’offres marchandes accessibles.
Small shops specializing in board games ? The professionalization of the “ludicaires” in the digital age.
Since the beginning of the 1990s, we have observed a interest for board games. This unique place taken by the “(board) game world” in the leisure of the French is accompanied by the development of new structures and by a reorganization of the network of professions linked to “modern” board games. This sector receives strong symbolic recognition from a small but very engaged consumer audience. Specialized sellers then take an increasingly unique place in the distribution and prescription of products, making their passion for the practice the essence of their professional expertise. The appearance of the indigenous name “ludicaire” in 2018 is part of a process of legitimization and professionalization of the profession. If the gaming profession is “a matter of specialists”, it is appropriate to identify its particularities and reveal the methods and tools used by them in their professional training (frayage, situated learning, self-training, etc.). It is also about questioning the place of the ludicaires within the broader professional ecosystem of the board game industry in a competitive context where digital spaces offer a significant density of information and accessible commercial offers.
