Se réapproprier les outils numériques de travail collaboratif : les plateformes alternatives face aux besoins d’autonomie des usagers
Cette thèse porte sur les plateformes de travail collaboratif, notamment les alternatives – plateformes coopératives et communs numériques – en train d’émerger pour faire face à la logique extractiviste d’acteurs focaux comme Microsoft Teams ou Google Workspace. Ne pouvant maîtriser ni leur activité ni les données collectées de nombreux usagers, travailleurs et informaticiens se sont alliés et ont mis en place des plateformes indépendantes et coopératives pour s’équiper de leurs propres infrastructures et logiciels. Dans un marché où du côté de la demande elles font face à l’inertie excessive des consommateurs et du côté de l’offre elles retrouvent souvent un écart technologique significatif, nous nous proposons d’étudier les conditions sous lesquelles ces organisations alternatives pourraient se développer. L’objectif du projet est de déterminer dans quelle mesure les plateformes coopératives de travail collaboratif constituent une alternative viable pour promouvoir l’autonomie numérique des travailleurs. Dans ce travail nous examinerons les modèles d’affaires de ces acteurs ainsi que leur capacité en tant que communs numériques à contester le pouvoir des plateformes propriétaires dans la configuration actuelle du rapport capital-travail. Le cadre analytique sera celui du capitalisme cognitif et la méthodologie mobilisée consistera en une étude comparative et une recherche qualitative auprès des organisations alternatives.
Reappropriating digital collaborative work tools : alternative platforms addressing users’ autonomy needs
This thesis focuses on collaborative work platforms, particularly the alternatives – cooperative platforms and digital commons – that are emerging to counter the extractivist logic of focal players such as Microsoft Teams or Google Workspace. Unable to control either their activity or the data collected many users, workers and IT specialists have joined forces and create independent, cooperative platforms to equip themselves with their own infrastructure and software. In a market where, on the demand side, they face excessive consumer inertia and, on the supply side, they often find a significant technological gap, we propose to study the conditions under which these alternative organizations could develop. The aim of the project is to determine the extent to which cooperative work platforms are a viable alternative for promoting workers’ digital autonomy. In this work we will examine the business models of these actors, as well as their capacity as digital commons to challenge the power of proprietary platforms in the current configuration of the capital-labor relation. The analytical framework will be that of cognitive capitalism, and the methodology mobilized will consist of a comparative study and qualitative research with alternative organizations.